Doux Rêveurs...
(En remerciement à Quichottine, et à la Communauté toute neuve qu'elle vient de créer.)
Longtemps, si longtemps nous avons cheminé ensemble,
Toi le doux, moi la rêveuse...
Fort, si fort nous avons créé ce toit afin qu'il ne s'efface jamais,
Toi l'homme, moi la femme,
Avec, en dessous, trois merveilles en perpétuel devenir,
Toi le Papa, moi la Maman,
Devant lesquelles nous nous pâmions,
Issues de toi et moi...
Mais les silences qui aux commencements étaient nos secrets,
De légers, sont devenus de plomb, assourdissants et insupportables
Il eût fallu les rompre avant, bien avant,
Car la vie s'y est engouffrée, et nous n'étions pas prêts,
Non, pas prêts du tout, Mon Amour, pour résister à ses épreuves...
C'est de l'intérieur qu'a grandi la menace.
Le fruit bien mûr abritait un vers célèbre,
Un verre luisant,
un ver sévère et solitaire,
malheureusement.
La formule magique fut prononcée,
On multiplia les libations.
La danse de la pluie aussi,
Bienfaisante pluie emportant avec elle les alluvions du fleuve en crue;
Je la dansai à perdre haleine
En pure perte, et mes sept voiles regagnèrent la malle de mes souvenirs,
Salomé de pacotille.
L'amour, perdu, chercha en vain l'alcôve,
Notre-ciel-de-lit-pour rire et pour pleurer,
Symbole de fantaisie, jeu de cache-cache et d'intimité.
Nous ne le trouvâmes point.
Il fait très froid.
Une autre vie commence pour chacun.
Mes mots d'amour soigneusement pliés dans l'armoire, repassés.
Car il est dit que nous ne prendrions pas le même train.
Mais aujourd'hui,
Chaleur...
Une douce rêveuse se love au coin du creux enfin trouvé.
Un creux pour l'accueillir,
Et qui fleure bon ce parfum que je pensais devoir oublier à jamais.
Un grand travailleur court toujours.
Lambeaux de notre ancien bonheur
Des traces se devinent au sol.
Il n'y aura pas de feu dans l'âtre. L'hiver sera rude.
Et pourtant, mots et caresses si longtemps rêvés
Jonchent un chemin perdu dans la forêt, que nous foulons ensemble.
Nous.
Exit toi et moi.
Pour l'instant. Pour toujours?
Entre lui et moi, pas de promesses ni de serments.
Mais enfin pouvoir donner, sans avoir plus à se cacher
Plaisir de n'être pas autre chose, mais soi
Un "soi" recomposé, retrouvé, un soi en entier.
Avec les arêtes, les noyaux,
Le bon vin et l'ivraie...
Un partage oublié tant d'années... Des instants de douceur et de joie...
13 octobre 2010.