Dans la balance...
Je t'appelle, Osiris et pleurant t'interroge et t'implore
Au soir du jugement, mes viscères soigneusement conservées
En mes vases canopes
Des quatre fils d'Horus,
Amset au Sud
Hâpi au Nord
Douamoutef à l'est
Qebehsenouf à l'Ouest
Des quatre fils d'Horus et des quatre déesses
Images de l'Egypte à la double couronne,
Mais non débarassées de mes amours dernières
Au soir du jugement, mon coeur, siège de ma pensée,
Que n'aura pas désséché le natron je supplierai Anubis
Selon la loi des morts de me le remplacer
Ce coeur, pourtant, qui fait partie de moi
Alourdi par le poids de tant et tant de crues du Divin Fleuve Nil,
Nil, Nil, Nil! (...)
Au soir du jugement, Djet, mon corps, alourdi par une volupté
Tardivement éveillée par un homme qui n'avait ni mon rang ni ma caste
Mon corps suivi de Bâ, son ombre, chèrement payée
Mais dont les contours ne veulent pas quitter
Celle de l'homme lourd qui les enveloppe
Djet et Bâ unis pour que mon Kâ, guidé par Le Livre Pour Sortir Dans La Lumière
Au soir du jugement, puisse se présenter, Ô Grand Dieu, devant toi,
Et que tu le disposes, ce Kâ dans ce cas
Sur la balance
Ta servante craint qu'en ce jour la Plume de Maât
Soit légère, bien trop légère
Pour le poids qu'elle porte, et qui lui interdira
L'entrée en ta maison
De paix de bonheur de douceur éternelle
Je t'appellerai, Osiris et pleurant t'interrogerai et t'implorerai
Moi dont la lignée remonte jusqu'à Toi et qui porte en mon sang
La transmission de Ta royauté et la légitimité de Pharaon
Mon frère époux et roi
Serai-je jugée impure?
Au soir du Jugement, de ma vue détourneras-Tu les yeux
Ô Père révéré et servi par ta prêtresse tout au long de sa vie ici-bas
Comprendras-tu qu'attirée par les rayons bienfaisants du Dieu Rê
Elle n'ait pu se résoudre au froid et à la nuit du Mausolée
Auquel elle était de tous temps destinée?
Je t'appellerai, Osiris et pleurant t'interrogerai et t'implorerai
Au
soir
du
jugement
(Découvert dans une excavation au versant Sud d'Abou-Simbel. Il est actuellement impossible de dater ce papyrus, qui a visiblement été abandonné par des pilleurs de tombes dans un souterrain annexe, et d'en établir la provenance. On pense qu'il a pu être écrit pour la Reine Néfertari, épouse et soeur du Pharaon Ramsès II.
Pour l'équipe de recherche,
L. P.
22 octobre 1965.)